L’anticipation positive

Encore quelque chose qui a à voir avec la capacité d’action et la responsabilité. Je ne parle pas ici de « visualisation positive » qui consiste à imaginer une situation qui se passe bien. Je stresse pour une présentation en public ? La visualisation positive me suggère d’imaginer la scène se déroulant au mieux : j’ai la voix fluide, je suis à l’aise, mon auditoire est captivé, on me pose des questions auxquelles je réponds brillamment… C’est là une technique de base du développement personnel. En ce qui me concerne, ça n’a jamais marché. Le trac est là, j’ai la voix qui tremble et parfois mon cerveau se vide comme un évier. L’autosuggestion n’a jamais marché pour moi, sans doute suis-je un mauvais public pour la pensée magique ; il ne me suffit pas d’imaginer un truc pour qu’il arrive.

Ce qui marche assez souvent, par contre, est ce que j’appelle « l’anticipation positive ». Je m’y entraîne comme un sportif. J’arrive avec un état d’esprit positif (super ces 3 heures de cours dans un amphi glacé devant 200 personnes mal réveillées, je vais y prendre du plaisir), je décide consciemment d’interpréter les événements dans le bon sens (mais non cet étudiant au fond ne s’ennuie pas, il réfléchit…), je rebondis avec bonne humeur (cher collègue, votre question est tout à fait pertinente (et pas du tout vicieuse)…). Je ne me répète pas que tout va bien se passer, mais que je vais faire au mieux compte-tenu de mes moyens. Et que ça marchera, ou pas. Car toute interaction suppose plusieurs partenaires ; elle peut mal se passer sans que j’aie quoi que ce soit à me reprocher. Ma seule responsabilité est de donner le meilleur de moi-même, ce qui ne signifie pas être brillante, mais me présenter avec entrain et rebondir sur les feed-back de mes interlocuteurs de façon positive. Et vous savez quoi ? Ça marche bien mieux ! Parce que quand on propose un visage énergique et positif aux gens, ils vous embrayent souvent le pas. Toute interaction est une rencontre entre au moins deux pôles, je peux agir de mon côté, c’est même ma responsabilité. Se mettre dans de bonnes dispositions n’est pas garantie de succès, mais ça améliore bien des situations.

À quoi je sers ? (exercice, 4ème partie)

Voici la dernière partie de notre réflexion sur les moyens de trouver du sens dans notre activité. La relier à ce qui est plus grand que nous, c’est aussi éviter un certain nombre d’écueils propres à nous pourrir la vie. Réfléchissons donc un instant à toutes les mauvaises attitudes contre-productives que nous adoptons parfois :

4- Comment rendre mon activité pénible ?

La première des erreurs est évidement de prendre le contre-pied de tout ce que nous avons vu dans les 3 parties précédentes, soit : ne pas voir plus loin que le bout de son nez que ce soit au niveau micro, local, régional ou global. C’est donc se concentrer uniquement sur sa tâche et ne la décrire que de façon fonctionnelle. Par exemple, pour continuer avec notre professeur d’espagnol : tout ce que je fais, c’est lire et corriger des exercices, etc… Lire la suite

À quoi je sers ? (exercice, 3ème partie)

Continuons avec notre exercice, qui doit nous aider à mieux cerner le sens participatif de notre activité. Après nous être demandé quelle est notre mission, puis en quoi nous sommes reliés aux autres, le troisième point demande de nous pencher sur la manière dont notre activité peut nous affecter de façon large :

3- Qu’est-ce que je reçois ?

Dans mon activité, je peux donner, et je peux aussi recevoir. Dans ce domaine, ce que je reçois par mon travail ne m’affecte pas toujours seul et peut avoir des retombées directes ou indirectes sur les gens qui me sont proches. En ce sens aussi, la portée de mon activité peut être dite « plus grande que moi ». Divers domaines sont concernés : Lire la suite

À quoi je sers ? (exercices, 2ème partie)

Reprenons la suite de notre exercice, destiné à mieux comprendre le rôle participatif de notre activité à quelque chose qui est plus grand que nous-mêmes. Après la description de plus en plus large de nos tâches, le deuxième axe nous demande de nous interroger sur nos interactions avec autrui.

2- En quoi suis-je relié aux autres ?

Dans toute activité, professionnelle ou non, nous sommes en relation plus ou moins directe avec autrui. Ces interactions font que tout ce que je fais a une portée qui me dépasse. Dès que j’agis, je suis donc en relation avec quelque chose de plus grand que moi. Il s’agit ici de retrouver les fils qui nous lient à autrui et de voir ce que je pourrais faire pour donner à ce lien peut-être plus de sens qu’on en voit spontanément. Trois questions peuvent nous guider : Lire la suite

À quoi je sers ? (exercices, suite de la 1ère partie)

Nous avons vu dans la première partie de cette exercice, qu’il était important, pour comprendre comment nous participons à quelque chose de plus grand que nous, de décrire le plus précisément possible notre rôle dans des cercles d’influence de plus en plus larges. La deuxième étape est de se demander pour laquelle ou lesquelles de ces tâches nous avons un talent particulier. Car le sens est donné par ce que nous faisons et qui nous dépasse, mais on peut trouver une motivation supplémentaire dans ce que nous faisons bien. Il est donc possible de rajouter du sens dans l’expression de notre talent et dans une participation qui devient, du coup, une valeur ajoutée à l’organisation. Ce que je fais que que tous ne font pas, donne encore plus de sens à mon activité. Par exemple, pour reprendre notre exemple d’un professeur d’espagnol, celui-ci pourrait répondre :

Niveau micro : je fais souvent l’effort de trouver des textes en lien avec les intérêts des adolescents. Je m’efforce d’être encourageant avec ceux qui ont du mal…

Niveau local : J’interviens quand il y a de l’indiscipline dans les couloirs. Je participe aux activités éducatives proposées par mes collègues…

Niveau régional : Je suis doué pour montrer les avantages qu’il y a à apprendre l’espagnol… J’ai un bon contact avec les parents…

Niveau global : Je profite des cours pour parler un peu de l’histoire de l’Espagne, des peintres, des écrivains, montrer des photos…

À quoi je sers ? (exercice, 1ère partie)

Si une des dimensions du bonheur réside dans notre participation à quelque chose de plus grand que nous, alors il peut être utile de prendre conscience du sens contenu dans nos activités, non seulement pour nous reconnecter à ce qui nous dépasse, mais aussi pour pointer à quel niveau nous pouvons insuffler du sens. Le principe de cet exercice est donc d’arriver à replacer notre activité professionnelle dans sa signification large. Pour ce faire, nous pouvons suivre quatre fils directeurs :

  1. Quelle est ma mission ?
  2. En quoi suis-je relié aux autres ?
  3. Qu’est-ce que je reçois ?
  4. Comment rendre mon activité la plus pénible possible ?

Je vous propose de commencer à examiner aujourd’hui le premier point : Lire la suite

« Merci pour… »

L’expression de la gratitude fait l’objet d’un petit exercice dans le livre de Tal Ben-Sahar, se retrouve chez Martin Seligman sous la forme d’une lettre, et vous en trouverez facilement d’autres variantes dans vos lectures tellement son utilité semble unanimement reconnue. Je le pratique moi-même depuis plusieurs mois, et j’en reconnais les vertus. Il s’agit de s’arrêter quelques minutes chaque soir pour se demander ce qui, dans la journée, provoque notre reconnaissance. En ce qui me concerne, ça va de « je suis reconnaissante pour avoir rencontré une belle personne »  à « je suis reconnaissante qu’il n’ait pas plu quand j’attendais dehors sans parapluie… ». L’idée est de prendre le recul nécessaire pour reconnaître les gestes, les hasards, les gens, les détails qui nous facilitent la vie ou embellissent notre journée. Rien que ce petit travail de recherche nous rappelle – voire nous ouvre les yeux – sur les nombreuses choses positives que nous recevons sans même parfois nous en rendre compte. Leur dire merci intérieurement est une façon de leur reconnaître de la valeur et de se rappeler qu’elles ne sont pas acquises. Je suis d’accord avec le commentaire d’Oprah Winfrey à propos de cet exercice : « si on se concentre sur quelque chose, elle s’amplifie ; si on se concentre sur les bonnes choses de la vie, elles seront de plus en plus nombreuses ». Vous l’avez sans doute expérimenté à propos des mauvaises, justement (une pensée négative a tendance à tourner en boucle et à grossir…). Comme le disait le philosophe Alain dans Propos sur le bonheur, l’esprit va naturellement vers le chagrin, voir tout ce qu’il y a de positif et se rendre heureux demande un effort d’attention. Voilà donc un exercice pour entraîner notre pensée dans la bonne direction ! Et comme un cercle vertueux a tendance à grossir, les psychologues constatent que pratiquer cet exercice a en effet de nombreux effets bénéfiques : les personnes qui le pratiquent sont plus dynamiques, plus optimistes, plus généreuses, plus serviables, en meilleure santé… Aucune réserve, donc, pour s’y mettre dès ce soir !

« Cette vie et pas une autre »

Encore une idée qui m’est venue lorsque j’étais étudiante en philo, pendant un cours sur la causalité. Avez-vous déjà songé à la succession de hasard, depuis le commencement du monde, qui a mené jusqu’à notre naissance ? Si le jour de notre conception, une panne de secteur avait détourné nos parents de leurs occupations conjugales, si l’un des deux avait choisi telle fac et pas telle autre, si leurs parents avaient déménagé, si un grand-père n’avait pas échappé de peu à une balle ennemie, si… Le moindre changement, le moindre choix différent, le moindre détail depuis le big bang aurait embranché une suite causale complètement différente. Si un tout petit truc avait été différent, un autre monde aurait existé, dans lequel nous n’aurions pas existé.

Je me rappelle cette évidence parfois le matin, quand je me regarde dans la glace et que je n’aime pas ce que je vois, quand je bute sur quelque chose ou que j’admire les dons des autres. Ah, ce serait bien d’avoir des jambes un peu plus longues ou un sens de l’humour plus mordant, moins de douleurs dans les doigts ou un don pour les arts… Quel dommage de ne pas être moi en mieux me dis-je parfois. Bah non. Parce que « moi en mieux » n’existe pas. Je n’existe que de cette façon, dans cette suite causale précise. Rien n’aurait pu faire que j’existe, mais un poil différente, parce que je n’aurais tout simplement pas existé. C’est donc cette vie et pas une autre. C’est moi avec mon physique et certaines capacités innées que je ne peux pas changer. C’était ça ou rien. Je trouve que cette idée aide à être reconnaissant d’être en vie avec tous les éléments positifs qui nous ont été offerts avec cette vie plutôt que de perdre du temps avec des regrets absurdes. Car la vraie question n’est plus regretter de n’être pas plus ceci ou plus cela, mais de savoir ce que nous allons faire des atouts qui nous ont été donnés.

Nous sommes tous les gagnants du loto

Vous êtes-vous déjà demandé combien il y avait de chances pour que ce soit vous qui naissiez ? 1 chance sur 150 000 000. C’est en effet le nombre de spermatozoïdes contenus (en grosse moyenne) dans une éjaculation. 149 999 999 frères et sœurs potentiels, et pourtant, dans ce rapport sexuel précis, c’est le mien qui est sorti, le seul qui me donnait naissance à moi ! C’est encore 10 fois moins de chances que de gagner au loto (1 chance sur 14 000 000). De quoi remettre sérieusement la notion de chance en perspective, vous ne trouvez pas ? Les portes du métro se sont refermées juste sous mon nez ? Mince, pas de bol, trop dur la vie… c’est pas comme si j’avais pas déjà gagné au loto…

« L’empreinte de pas dans la neige »

Ce petit exercice m’a été inspiré à la lecture d’Hegel. La conscience se constitue aussi dans l’action, indique-t-il dans la Phénoménologie de l’esprit. Pour prendre conscience d’elle-même, la conscience a besoin de se voir agir sur le monde extérieur. En laissant son empreinte sur les choses extérieures, l’homme obtient la preuve de son existence en tant qu’être vivant et obtient la preuve de son pouvoir en tant qu’individu particularisé (sa force, son adresse, sa technique…). Par exemple, c’est ce que fait l’enfant quand il fait des ricochets dans l’eau, quand nous aimons laisser l’empreinte de nos pas dans la neige etc…

J’aime bien repenser à ce passage et porter mon attention sur tout ce que nous créons, sans même y faire attention. Préparer un repas, par exemple, n’est pas une activité triviale et obligatoire, c’est aussi l’occasion de tester mon pouvoir sur le monde. Là où il n’y avait que vinaigre, huile et moutarde, j’interviens et bam ! il y a une vinaigrette. Ce n’est pas à la portée de n’importe quel animal. Quand on commence à regarder, c’est fou le nombre de choses que nous sommes capables de faire : des bonnes crêpes, repeindre la chambre, faire pousser des fleurs… la liste est infinie. Que de plaisirs je peux me fournir à moi-même que la nature ne pourrait me donner tels quels ! Quelle augmentation de confort sans trop d’efforts ! Je suis capable de prendre soin d’une plante, d’un animal, de moi, de mon habitat et même d’autres personnes ! Je ne sais pas pour vous, mais je trouve toutes ces pensées très réjouissantes et elles me donnent envie de tester encore mon existence objective en allant faire un gâteau J