L’anticipation positive

Encore quelque chose qui a à voir avec la capacité d’action et la responsabilité. Je ne parle pas ici de « visualisation positive » qui consiste à imaginer une situation qui se passe bien. Je stresse pour une présentation en public ? La visualisation positive me suggère d’imaginer la scène se déroulant au mieux : j’ai la voix fluide, je suis à l’aise, mon auditoire est captivé, on me pose des questions auxquelles je réponds brillamment… C’est là une technique de base du développement personnel. En ce qui me concerne, ça n’a jamais marché. Le trac est là, j’ai la voix qui tremble et parfois mon cerveau se vide comme un évier. L’autosuggestion n’a jamais marché pour moi, sans doute suis-je un mauvais public pour la pensée magique ; il ne me suffit pas d’imaginer un truc pour qu’il arrive.

Ce qui marche assez souvent, par contre, est ce que j’appelle « l’anticipation positive ». Je m’y entraîne comme un sportif. J’arrive avec un état d’esprit positif (super ces 3 heures de cours dans un amphi glacé devant 200 personnes mal réveillées, je vais y prendre du plaisir), je décide consciemment d’interpréter les événements dans le bon sens (mais non cet étudiant au fond ne s’ennuie pas, il réfléchit…), je rebondis avec bonne humeur (cher collègue, votre question est tout à fait pertinente (et pas du tout vicieuse)…). Je ne me répète pas que tout va bien se passer, mais que je vais faire au mieux compte-tenu de mes moyens. Et que ça marchera, ou pas. Car toute interaction suppose plusieurs partenaires ; elle peut mal se passer sans que j’aie quoi que ce soit à me reprocher. Ma seule responsabilité est de donner le meilleur de moi-même, ce qui ne signifie pas être brillante, mais me présenter avec entrain et rebondir sur les feed-back de mes interlocuteurs de façon positive. Et vous savez quoi ? Ça marche bien mieux ! Parce que quand on propose un visage énergique et positif aux gens, ils vous embrayent souvent le pas. Toute interaction est une rencontre entre au moins deux pôles, je peux agir de mon côté, c’est même ma responsabilité. Se mettre dans de bonnes dispositions n’est pas garantie de succès, mais ça améliore bien des situations.

Oscar Brenifer, Iris de Moüy / Le bonheur selon Ninon

Dans la collection … selon Ninon, nous suivons en BD les réflexions naissantes d’une petite fille. Dans Le bonheur selon Ninon, Ninon revient triste de l’école car sa meilleure amie ne lui parle plus. Son petit chien, sa maman, son père, ou Monsieur Augustin le voisin, tous essaient de la consoler et d’attirer son attention sur un des aspects du bonheur. Commence alors une série de réflexions et de discussions, où, comme dans les dialogues socratiques, le questionnement de Ninon est soutenu par un autre personnage. D’interrogation en interrogation, la réflexion progresse : faut-il, pour être heureux, ne rien attendre des autres ? Faut-il plutôt, comme son frère Martin, accepter un bonheur simple sans se poser de questions ? Peut-on, comme lui dit son père, choisir d’être heureux ? Et comment dépasser la nostalgie ou la souffrance ? La BD est destinée aux enfants à partir de 8 ans et peut convenir aux adultes. Elle peut être intéressante pour poser en famille les premières bases d’une réflexion sur le bonheur.

Le bonheur selon Ninon

 

À quoi je sers ? (exercice, 4ème partie)

Voici la dernière partie de notre réflexion sur les moyens de trouver du sens dans notre activité. La relier à ce qui est plus grand que nous, c’est aussi éviter un certain nombre d’écueils propres à nous pourrir la vie. Réfléchissons donc un instant à toutes les mauvaises attitudes contre-productives que nous adoptons parfois :

4- Comment rendre mon activité pénible ?

La première des erreurs est évidement de prendre le contre-pied de tout ce que nous avons vu dans les 3 parties précédentes, soit : ne pas voir plus loin que le bout de son nez que ce soit au niveau micro, local, régional ou global. C’est donc se concentrer uniquement sur sa tâche et ne la décrire que de façon fonctionnelle. Par exemple, pour continuer avec notre professeur d’espagnol : tout ce que je fais, c’est lire et corriger des exercices, etc… Lire la suite

Étienne Jalenques / La thérapie du bonheur

Voilà encore un exemple de ce que j’appelle un « titre d’éditeur », c’est-à-dire un titre pensé pour accrocher mais qui ne correspond que vaguement au contenu de l’ouvrage. Le livre aurait aussi bien pu s’appeler « la thérapie du Dc Jalenques + quelques principes de bon sens sur la vie ». Cela dit, il y a quand même du bon dans l’ensemble (je profite de l’occasion pour préciser que je ne vous propose qu’une sélection d’ouvrages, les moins intéressants étant simplement passés sous silence, il y a donc toujours quelque chose de positif dans les livres proposés). Ce livre, très personnel tant dans le contenu que dans la forme, se divise en trois parties distinctes. Dans la première, l’auteur nous parle de lui et de ses débuts ; dans la dernière, il expose le déroulement des séances de la méthode thérapeutique qu’il a mis au point. À moins d’un intérêt particulier, vous pouvez les sauter. Reste au milieu une centaine de pages, 20 petits chapitres, qui sont autant de rappel des principes de base d’un fonctionnement sain : nos enfants ne nous appartiennent pas, nos limites ne limitent pas notre bonheur, nous n’avons pas d’obligation à être utiles, vivre la souffrance sans s’y éterniser est la meilleure façon de la dépasser… L’ensemble est assez personnel, disais-je : l’auteur y mêle l’exposition de principes personnels, des cas thérapeutiques, des paraboles, le tout avec une forte inspiration des sagesses yogiques. Il nous livre ainsi un condensé de ce qui a manifestement été une recherche sincère et poussée du sens de la vie et de l’action bonne. On peut regretter le côté un peu brouillon ou désapprouver certains partis pris, mais on a parfois la bonne surprise de trouver des phrases qui donnent à penser, et c’est bien là le principal. À moins que vous ne soyez vous-même déjà un sage, vous trouverez sûrement dans ces pages de quoi réfléchir un peu.

9782501052610FS

 

Le bonheur chez Alain

De son vrai nom Émile Chartier (1868-1951), Alain fut, par choix, professeur de lycée pendant toute sa carrière. Lui, qui semble-t-il n’avait pas son pareil pour captiver ses élèves, a fortement marqué par son enseignement des personnalités comme Raymond Aron, Simone Weil, Julien Gracq, George Canguilhem ou encore André Maurois. Pendant la guerre de 1914-18, il est engagé volontaire comme simple soldat et refuse de passer officier. Il sera également chroniqueur pendant toute sa carrière de petits articles de réflexion de forme littéraire touchant tous les domaines : les « propos ».

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On n’identifiera pas une thèse claire du bonheur chez Alain. Cela tient à la forme de son petit recueil Propos sur le bonheur. En effet, ces « propos » étaient à la base des chroniques hebdomadaires se rapportant au thème du bonheur, écrites entre 1906 et 1926, et qui invitaient le lecteur à une réflexion philosophique. Les 93 chapitres sont autant de petites esquisses, moins sur l’art d’être heureux, finalement, que sur celui de ne pas se gâcher la vie. Et c’est peut-être la meilleure façon de toucher son but, car comme le souligne Alain, « le bonheur est divisé en petits morceaux » et arrive d’abord quand on ne le cherche pas. Lire la suite

À quoi je sers ? (exercice, 3ème partie)

Continuons avec notre exercice, qui doit nous aider à mieux cerner le sens participatif de notre activité. Après nous être demandé quelle est notre mission, puis en quoi nous sommes reliés aux autres, le troisième point demande de nous pencher sur la manière dont notre activité peut nous affecter de façon large :

3- Qu’est-ce que je reçois ?

Dans mon activité, je peux donner, et je peux aussi recevoir. Dans ce domaine, ce que je reçois par mon travail ne m’affecte pas toujours seul et peut avoir des retombées directes ou indirectes sur les gens qui me sont proches. En ce sens aussi, la portée de mon activité peut être dite « plus grande que moi ». Divers domaines sont concernés : Lire la suite

Le bonheur : inné ou acquis ?

Le consensus actuel parmi les chercheurs, derrière le généticien David Lykken, est de considérer que dans notre sentiment subjectif de bien-être, 50% viendrait de la génétique, 10% uniquement de nos conditions de vie, et 40% de nos propres dispositions. Ou pour le dire autrement : moitié de l’inné, moitié de l’acquis. On comprend bien quelle peut être la part « acquise » : l’éducation, la spiritualité ou encore nos efforts personnels pour voir la vie en rose forment les 40%, nos conditions de vie (la chance et la malchance ou encore le contexte sociopolitique large) forment les 10% restant de l’acquis. Il semble logique qu’une bonne part du bonheur vienne de là. Mais qu’en est-il de l’inné ? Que signifie que la moitié de notre sentiment subjectif de bien-être vienne de nos gènes ? Lire la suite

À quoi je sers ? (exercices, 2ème partie)

Reprenons la suite de notre exercice, destiné à mieux comprendre le rôle participatif de notre activité à quelque chose qui est plus grand que nous-mêmes. Après la description de plus en plus large de nos tâches, le deuxième axe nous demande de nous interroger sur nos interactions avec autrui.

2- En quoi suis-je relié aux autres ?

Dans toute activité, professionnelle ou non, nous sommes en relation plus ou moins directe avec autrui. Ces interactions font que tout ce que je fais a une portée qui me dépasse. Dès que j’agis, je suis donc en relation avec quelque chose de plus grand que moi. Il s’agit ici de retrouver les fils qui nous lient à autrui et de voir ce que je pourrais faire pour donner à ce lien peut-être plus de sens qu’on en voit spontanément. Trois questions peuvent nous guider : Lire la suite

« Happy is the new chic »

Peut-être avez-vous remarqué, sur les abris-bus, la nouvelle pub Morgan « Happy is the new chic ». Voilà qui donne à penser, vous ne trouvez pas ? Alors, que nous dit cette pub ? 

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Premièrement, que le bonheur est « chic », ce qui peut signifier plusieurs choses. D’abord, que le bonheur est ce qui nous rend beaux et belles, c’est une parure, une valeur ajoutée dans notre rapport aux autres. Affirmation très consensuelle ici, qui nous renvoie au domaine de l’esthétique. Mais pas uniquement, car  « chic », c’est aussi un raffinement, un art de vivre : « happy » est donc un nouvel art de vivre. Eh oui, dans cette époque pas toujours drôle, on peut bien dire que le bonheur relève d’un mode de vie classieux, qui se choisit et s’entretient. Ce peut même vouloir dire que « happy » Lire la suite

À quoi je sers ? (exercices, suite de la 1ère partie)

Nous avons vu dans la première partie de cette exercice, qu’il était important, pour comprendre comment nous participons à quelque chose de plus grand que nous, de décrire le plus précisément possible notre rôle dans des cercles d’influence de plus en plus larges. La deuxième étape est de se demander pour laquelle ou lesquelles de ces tâches nous avons un talent particulier. Car le sens est donné par ce que nous faisons et qui nous dépasse, mais on peut trouver une motivation supplémentaire dans ce que nous faisons bien. Il est donc possible de rajouter du sens dans l’expression de notre talent et dans une participation qui devient, du coup, une valeur ajoutée à l’organisation. Ce que je fais que que tous ne font pas, donne encore plus de sens à mon activité. Par exemple, pour reprendre notre exemple d’un professeur d’espagnol, celui-ci pourrait répondre :

Niveau micro : je fais souvent l’effort de trouver des textes en lien avec les intérêts des adolescents. Je m’efforce d’être encourageant avec ceux qui ont du mal…

Niveau local : J’interviens quand il y a de l’indiscipline dans les couloirs. Je participe aux activités éducatives proposées par mes collègues…

Niveau régional : Je suis doué pour montrer les avantages qu’il y a à apprendre l’espagnol… J’ai un bon contact avec les parents…

Niveau global : Je profite des cours pour parler un peu de l’histoire de l’Espagne, des peintres, des écrivains, montrer des photos…