La psychologie positive

Qu’est-ce que la « psychologie positive » ? Première chose : elle ne doit pas être assimilée à la « pensée positive ». À l’origine, la pensée positive désigne la méthode curative inventée en 1900 par le célèbre pharmacien Émile Coué et qui consiste à se répéter plusieurs fois par jour, dans un état de semi-hypnose, la phrase : « tous les jours, à tout point de vue, je vais de mieux en mieux ». Cette méthode, qu’il faut évidemment replacer dans son époque, a eu des résultats spectaculaires ayant permis la découverte du placebo. La méthode Coué est aussi à l’origine de tout un pan du développement personnel qui consiste à enjoindre chacun à considérer la vie de façon positive en toutes circonstances et qui surfe de façon plus ou moins sérieuse sur la vague prometteuse du « il suffit de penser positif pour voir sa vie s’améliorer »…

Rien de tout cela dans la psychologie positive.  La psychologie positive est un courant récent de la psychologie né à la fin des années 90 des travaux de Martin Seligman, Mihaly Csikszentmihalyi et quelques autres. Il s’agit donc de recherches académiques rigoureuses (et donc reproductibles) menées par des universitaires et des praticiens chevronnés ayant passé des années à traiter des patients atteints de pathologies psychologiques. Ainsi, après avoir cherché s’il y avait un dénominateur commun aux gens qui allaient mal, Martin Seligman a cherché s’il y avait un dénominateur commun aux gens qui allaient bien. Il en est alors venu à considérer que la psychologie devait être autant concernée par les forces que par les faiblesses des individus, devait autant rechercher à développer les talents qu’à réparer les dégâts. C’est ainsi, en se demandant comment améliorer les vies normales, que Martin Seligman a jeté les bases de la psychologie positive.

Seligman pose les bases théoriques de la psychologie positive dans deux ouvrages de 2000[1] et  2002[2]. Le bonheur (qui finalement est assez difficile à décrire) s’appréhende mieux quand il est décomposé en trois éléments : la vie plaisante (pleasant life), la vie engagée (the engaged life) et la vie ayant du sens (the meaningful life). La vie plaisante relève de l’hédonisme : elle consiste à vivre des émotions positives et apprendre à les savourer le plus possible. Il ne s’agit pas uniquement des plaisirs sensibles, la fierté ou l’optimisme font également partie de la vie plaisante. La vie engagée est celle où l’on expérimente le flow[3], c’est-à-dire un état de concentration sur une activité tel qu’il mobilise nos capacités de façons optimale et nous fait perdre la notion du temps. C’est alors à chacun de trouver quels sont ses talents propres à développer pour lui faire vivre des moments de « flux ». Enfin, la vie ayant du sens consiste à utiliser l’un de nos talents propres pour servir une cause que nous estimons plus grande que nous-mêmes (la famille, une idée, une religion, la nation…). Les études montrent une corrélation entre les manques dans une ou les trois vies et la dépression, et inversement, une satisfaction accrue quand l’une ou plusieurs de ces « vies » sont réussies. Comme on s’y attendait, la vie plaisante ne peut, à elle seule, apporter le bonheur si les deux autres sont vides. Elle intervient plutôt quand les deux autres sont riches, comme « cerise sur le gâteau ».    

L’un des aspects les plus intéressants de la psychologie positive est qu’elle n’est pas centrée uniquement sur les individus, mais s’intéresse également aux groupes, aux institutions et à la société dans son ensemble. La psychologie positive tente de comprendre ce qui optimalise des rapports humains harmonieux, mais aussi quelles institutions ou types d’organisations sont les plus efficients et les plus propices au bien-être de chacun. L’intérêt de la psychologie positive réside aussi dans cette approche holistique et dans ses applications pratiques. On espère donc que ses développements rapides seront de plus en plus pris en compte.

Vous pouvez suivre ses développements sur le site de Martin Seligman : www.authentichappiness.org

Et si vous cherchez une bonne introduction en français : Rebecca Shankland, La psychologie positive, Dunod, 2012

 

 

 

 


[1] Seligman, M.E.P. et Csikszentmihalyi M., Positive Psychology : An Introduction, American Psychologist, 2000

[3] M. Csikszentmihalyi, Flow: The Psychology of Optimal ExperienceHarper and Row, 1990 Traduit en français : Vivre, la psychologie du bonheurPocket, 2006

Une réflexion au sujet de « La psychologie positive »

  1. A noter que la version poche en français du livre de Martin Seligfman référencé en [2]. Elle s’intitule « Vivre la psychologie positive : Comment être heureux au quotidien ». J’ai trouvé sa lecture enrichissante : elle donne une vision assez complète de la démarche employée dans le courant de la psychologie positive, et complète bien « Vivre » et « L’apprentissage du bonheur ».

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