« L’empreinte de pas dans la neige »

Ce petit exercice m’a été inspiré à la lecture d’Hegel. La conscience se constitue aussi dans l’action, indique-t-il dans la Phénoménologie de l’esprit. Pour prendre conscience d’elle-même, la conscience a besoin de se voir agir sur le monde extérieur. En laissant son empreinte sur les choses extérieures, l’homme obtient la preuve de son existence en tant qu’être vivant et obtient la preuve de son pouvoir en tant qu’individu particularisé (sa force, son adresse, sa technique…). Par exemple, c’est ce que fait l’enfant quand il fait des ricochets dans l’eau, quand nous aimons laisser l’empreinte de nos pas dans la neige etc…

J’aime bien repenser à ce passage et porter mon attention sur tout ce que nous créons, sans même y faire attention. Préparer un repas, par exemple, n’est pas une activité triviale et obligatoire, c’est aussi l’occasion de tester mon pouvoir sur le monde. Là où il n’y avait que vinaigre, huile et moutarde, j’interviens et bam ! il y a une vinaigrette. Ce n’est pas à la portée de n’importe quel animal. Quand on commence à regarder, c’est fou le nombre de choses que nous sommes capables de faire : des bonnes crêpes, repeindre la chambre, faire pousser des fleurs… la liste est infinie. Que de plaisirs je peux me fournir à moi-même que la nature ne pourrait me donner tels quels ! Quelle augmentation de confort sans trop d’efforts ! Je suis capable de prendre soin d’une plante, d’un animal, de moi, de mon habitat et même d’autres personnes ! Je ne sais pas pour vous, mais je trouve toutes ces pensées très réjouissantes et elles me donnent envie de tester encore mon existence objective en allant faire un gâteau J

« Si on m’avait dit… »

Voici l’idée qui m’est venue, un jour, alors que je me désespérais un peu sur le mode « j’ai pas fait grand chose de ma vie », « j’ai parfois eu du bol, mais je n’y suis pour rien… », « dans quel état j’erre ? » etc… Je me suis soudain revue vers 15 ans, dans le café où nous allions souvent à la sortie du lycée et j’ai imaginé que quelqu’un venait me voir pour me donner le programme de ce que j’allais faire plus tard : « tu obtiendras un doctorat », « tu seras admise dans un prestigieux centre de recherche », « tu visiteras la Croatie et Cuba » etc… J’ai continué comme ça et me suis retrouvée avec une longue liste de toutes les belles choses que j’avais eu la chance de vivre. Effet bénéfique n°1 : repenser à tout ce que nous avons vécu de sympa, en laissant de côté la question de savoir si c’est venu par chance ou par mérite.

Surtout, j’ai pensé à la réaction que j’aurais eu, à 15 ans, à chaque annonce de ce que j’allais faire. Moi, un doctorat ? C’est à peine si j’y aurais cru. Visiter la Croatie ? J’ai trop hâte ! Si on m’avait donné à 15 ans le programme de ce qu’allait être ma vie, j’aurais été enthousiaste pour plusieurs choses. Cette pensée m’aide à apprécier mes chances à leur juste valeur. Parfois, pris dans le flot de la vie, on s’habitue aux situations, on finit par les trouver normales, on ne regarde que plus haut vers le prochain défi. Il est bon parfois de regarder vers le bas pour mesurer tout le chemin parcouru.

Le Bonheur National Brut

Le BNB ou Bonheur National Brut est un concept inventé par Jigme Singye Wangchuck, roi du Bhoutan, en 1972. Constatant que les indices de développement économiques des pays ne reposaient sur rien de durable et ne prenaient pas en compte l’humain, Jigme Singye souhaita proposer un autre modèle de développement et poser les bases de principes de développement durable : « je suis plus intéressé par le Bonheur National Brut que par le PNB » déclara-t-il alors. Lire la suite

L’amitié

Le thème de l’amitié est particulièrement bien traité chez Aristote. Pour Aristote, l’amitié est à distinguer de la simple bienveillance. La bienveillance se définit comme un désir de faire du bien à autrui. Il s’agit d’une simple inclination, une sympathie qu’on peut avoir pour quelqu’un qu’on n’a jamais vu et qui ne se traduit pas forcément par des actes. L’amitié est plus que la bienveillance. Pour exister, l’amitié doit être réciproque, elle suppose donc une certaine intimité, et elle doit s’exprimer concrètement. Ainsi, Aristote définit l’amitié comme une bienveillance qui s’exprime réciproquement. Lire la suite

Tal Ben-Sahar / L’apprentissage du bonheur

Si vous ne deviez en lire qu’un, ce serait celui-ci.

Tal Ben-Sahar est sans doute actuellement le plus connu des chantres de la psychologie positive. Ce n’est pas étonnant. Le sérieux de la démarche ne fait aucun doute : ce professeur d’Harvard a vraiment sorti l’attirail du chercheur pour monter une petite méthode amusante pour progresser pas à pas vers le bonheur. Les concepts y sont présentés de façon très claire et pédagogique (on découvre ainsi la théorie du hamburger ou le principe des lasagnes), Tal sait créer une connivence en illustrant souvent ses principes de ses propres expériences… Il nous prend littéralement par la main, mais la simplicité du ton ne doit pas occulter la subtilité du but ou la force des propos. Ce petit livre est émaillé d’exercices qui sont loin d’être superflus et que je vous recommande de faire sérieusement. En un mot, il s’agit là d’un ouvrage utile et qu’on se plait à distribuer autour de soi.

Tal Ben-Sahar, L'apprentissage du bonheur

Le bonheur chez Aristote

Philosophe de l’antiquité grecque (384-322 AVJC), Aristote rentre à « l’Académie » de Platon à l’âge de 17 ans et restera son disciple pendant 20 ans. Mais celui qui se disait « ami de Platon et plus encore de la vérité » critiquera les idées du maître et finira par fonder sa propre école (« le lycée »). En 343, il est choisi pour devenir le précepteur du futur Alexandre le Grand. Accusé d’impiété à la mort d’Alexandre, il doit quitter Athènes et s’exiler.

•    Pour Aristote, le bonheur est le but de la vie humaine, le bien suprême.
•    Le bonheur est un bien qui n’est pas fourni par l’extérieur mais qu’on doit trouver en soi-même, dans sa propre activité.
•    On le rencontre quand on concrétise nos spécificités d’êtres humains, c’est-à-dire quand on agit et qu’on le fait de façon raisonnée.
•    Le rapport à l’autre, et notamment l’amitié, sont des éléments importants du bonheur. Lire la suite