Le bonheur chez Nietzsche

Elève prodige, Nietzsche obtient à 25 ans un poste à l’université alors qu’il n’a pas de thèse. C’est à cette époque qu’il rencontre Wagner. Il démissionne 10 ans plus tard pour vivre en nomade en Italie, France et Bohème, période de maturation de son oeuvre. La fin de sa vie verra une descente dans la folie, dont il ne reviendra pas. Après sa mort, sa sœur Elizabeth tenta d’utiliser sa pensée pour servir ses convictions nazie. Elle publiera des notes, allant jusqu’à en réécrire des parties. Ce sera l’ouvrage posthume : La volonté de puissance. 

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La vie ne tend pas au bonheur pour Nietzsche, qui critique en cela les philosophies eudémonistes classiques. C’est que la vie est pensée ici comme une énergie. Il s’agit d’une force vitale qui pousse tout être vivant, de la bactérie à la civilisation, à étendre son pouvoir sur ce qui l’entoure, à tenter de se l’approprier, l’assimiler, le digérer pour le soumettre à sa loi. Il n’y a ici rien de moral ou d’immoral, il s’agit juste d’un état de fait : la vie est comme ça, elle est « volonté de puissance »[1]. La vie est donc par nature Lire la suite

Le bonheur chez Pascal

Blaise Pascal (1623-1662) est à la fois mathématicien et moraliste. Comme mathématicien, il invente à 19 ans la « pascaline » (première machine à calculer), prouve la pression de l’air, invente le concept d’espérance en probabilités… Déjà rapproché de la religion chrétienne à la mort de son père, il connaît une nuit d’extase mystique le 23 novembre 1654. Dès lors, Pascal se consacre à une apologie de la religion chrétienne.

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Il est plus difficile de tirer une conception unifiée du bonheur chez Pascal, compte tenu du caractère fragmentaire et incomplet des Pensées. Ce qu’on peut remarquer cependant, au fil des extraits, est le caractère tragique que prend le bonheur chez Pascal. En effet, tout en disant que le bonheur est recherché par tout le monde, qu’il est « le motif de toutes les actions de l’homme, jusqu’à ceux qui vont se pendre »[1], il affirme en même temps, de façon certes Lire la suite

Le bonheur chez Descartes

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Atteindre la « souveraine félicité »[1], chez Descartes, demande de chercher en nous-mêmes. Les « âmes vulgaires » se fourvoient en attendant le bonheur de biens extérieurs. Certes, les honneurs, les richesses ou la santé sont des biens, et les posséder favorise le bonheur. L’homme gâté par le sort peut bien être heureux. Mais parce que ces biens ne dépendent pas de nous, ce n’est qu’un bonheur en sursis. Ayant peut-être moins qu’un autre été Lire la suite

Le bonheur chez Alain

De son vrai nom Émile Chartier (1868-1951), Alain fut, par choix, professeur de lycée pendant toute sa carrière. Lui, qui semble-t-il n’avait pas son pareil pour captiver ses élèves, a fortement marqué par son enseignement des personnalités comme Raymond Aron, Simone Weil, Julien Gracq, George Canguilhem ou encore André Maurois. Pendant la guerre de 1914-18, il est engagé volontaire comme simple soldat et refuse de passer officier. Il sera également chroniqueur pendant toute sa carrière de petits articles de réflexion de forme littéraire touchant tous les domaines : les « propos ».

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On n’identifiera pas une thèse claire du bonheur chez Alain. Cela tient à la forme de son petit recueil Propos sur le bonheur. En effet, ces « propos » étaient à la base des chroniques hebdomadaires se rapportant au thème du bonheur, écrites entre 1906 et 1926, et qui invitaient le lecteur à une réflexion philosophique. Les 93 chapitres sont autant de petites esquisses, moins sur l’art d’être heureux, finalement, que sur celui de ne pas se gâcher la vie. Et c’est peut-être la meilleure façon de toucher son but, car comme le souligne Alain, « le bonheur est divisé en petits morceaux » et arrive d’abord quand on ne le cherche pas. Lire la suite

Le bonheur chez Kant

Emmanuel Kant, philosophe allemand (1724-1804) passe toute sa vie à Koenigsberg (actuel territoire russe), où il se consacre à l’étude et à l’enseignement. Son œuvre immense  s’intéresse à tous les sujets. De santé très fragile, mais se sentant investi d’une importante mission, il la mène à bien en économisant ses forces par une hygiène de vie stricte et routinière. La légende veut d’ailleurs que les habitants aient réglé leur montre sur la promenade digestive du philosophe. Lorsqu’il s’éteint, ses derniers mots furent « c’est bien ». 

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Au siècle des lumières, alors qu’un enthousiasme pour le progrès sensé apporter et répandre le bonheur se lève parmi les penseurs, la conception kantienne du bonheur apparaît plus sombre. C’est que, contrairement aux philosophies eudémonistes d’Aristote ou d’Épicure, Kant ne fait pas du bonheur le bien ultime (le souverain bien) que l’homme puisse rechercher. Lire la suite

Le bonheur chez Épicure

Philosophe grec, 341-270 né à Samos. Malade toute sa vie, faisant l’expérience de l’exil et de la pauvreté dans sa jeunesse, ses premières années ont pu être éprouvantes. Personnalité très charismatique, il fonde à 35 ans une école à Athènes : « le jardin » où il enseignera jusqu’à sa mort, entouré de disciples et d’amis. 

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On connaît surtout Épicure par l’adjectif tiré de sa doctrine : l’épicurisme. Par là, on entend communément un hédonisme, soit une vie faite de la recherche de plaisirs. Quand on dit de quelqu’un que c’est un épicurien, on imagine un bon vivant, qui profite des plaisirs de la table, savoure les femmes, et rit à gorge déployée parmi une bande d’amis du même acabit. Encore une image d’Épinal qui n’a rien à voir avec la philosophie d’Épicure. Lire la suite

Le bonheur chez Aristote

Philosophe de l’antiquité grecque (384-322 AVJC), Aristote rentre à « l’Académie » de Platon à l’âge de 17 ans et restera son disciple pendant 20 ans. Mais celui qui se disait « ami de Platon et plus encore de la vérité » critiquera les idées du maître et finira par fonder sa propre école (« le lycée »). En 343, il est choisi pour devenir le précepteur du futur Alexandre le Grand. Accusé d’impiété à la mort d’Alexandre, il doit quitter Athènes et s’exiler.

•    Pour Aristote, le bonheur est le but de la vie humaine, le bien suprême.
•    Le bonheur est un bien qui n’est pas fourni par l’extérieur mais qu’on doit trouver en soi-même, dans sa propre activité.
•    On le rencontre quand on concrétise nos spécificités d’êtres humains, c’est-à-dire quand on agit et qu’on le fait de façon raisonnée.
•    Le rapport à l’autre, et notamment l’amitié, sont des éléments importants du bonheur. Lire la suite