Le Bonheur National Brut

Le BNB ou Bonheur National Brut est un concept inventé par Jigme Singye Wangchuck, roi du Bhoutan, en 1972. Constatant que les indices de développement économiques des pays ne reposaient sur rien de durable et ne prenaient pas en compte l’humain, Jigme Singye souhaita proposer un autre modèle de développement et poser les bases de principes de développement durable : « je suis plus intéressé par le Bonheur National Brut que par le PNB » déclara-t-il alors.

Le Bonheur National Brut repose sur quatre piliers du développement durable :

  •   bonne gouvernance
  •   préservation de l’environnement
  •   protection de la culture bhoutanaise
  •   développement socio-économique

Ces principes deviennent alors des critères de décision politique : faut-il construire un barrage ou exploiter des mines ? Les décideurs considèreront l’impact de ces décisions sur l’environnement, sur le bien-être des habitants directement touchés, sur le respect de la culture et des valeurs bhoutanaises (dont la religion nationale est le Bouddhisme du Grand Véhicule) et s’efforceront de réaliser le projet sans corruption ni fautes de gestion. Le BNB est donc plus qu’un concept sympathique, c’est avant tout une philosophie politique, qui considère que l’enrichissement de quelques-uns ne doit pas se faire au détriment du plus grand nombre ou que le développement présent ne doit pas se faire au détriment des générations futures et de l’environnement. L’approche philosophique du BNB est donc holistique, il s’agit de considérer les conséquences d’une décision politique sur la société dans son ensemble.

Certes, les faits ne sont pas si simples et il ne faudrait pas regarder le Bhoutan comme un Eden ni en rester aux images d’Épinal que l’on évoque souvent en occident : société matriarcale autorisant la polygamie et la polyandrie, aucun feu de circulation, tir à l’arc comme sport national, télévision introduite en 1999 etc… La mise en pratique n’est jamais simple et on peut notamment se demander ce que signifie « protection de la culture » dans un pays qui compte 25 ethnies différentes ou encore ce qui est vraiment considéré comme un « développement socio-économique ». Le Bhoutan n’est probablement pas toujours le pays du bonheur serein…

Toujours est-il que ce concept de Bonheur National Brut a fait des émules et intéressé jusqu’aux Nations Unies, qui lui ont consacré un sommet à New York en avril 2012. Après l’IDH (Indice de Développement Humain) qui mesure la santé, l’éducation et le revenu, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) étudie actuellement la pertinence de nouveaux indicateurs[1]. Voyons alors si la communauté internationale saura évoluer vers une meilleure prise en compte du bonheur humain dans son évaluation du progrès.



[1] http://www.undp.org/content/undp/fr/home/presscenter/pressreleases/2012/06/20/oing-beyond-gdp-undp-proposes-human-development-measure-of-sustainability.html

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